Louis-Ferdinand Destouches est né à Courbevoie le 27 mai 1894, de Fernand Destouches, employé d’assurances originaire du Havre, et de Marguerite Guillou, commerçante. Son grand-père Auguste Destouches avait été professeur agrégé au lycée du Havre.

Son enfance se passe à Paris, passage Choiseul. Il fréquente les écoles communales du square Louvois et de la rue d’Argenteuil. ainsi que l’école Saint-Joseph des Tuileries. Nanti de son certificat d’études, il effectue des séjours en Allemagne et en Angleterre, avant d’entreprendre son apprentissage chez plusieurs bijoutiers à Paris et à Nice. Il s’engage en 1912 au 12e régiment de Cuirassiers en garnison à Rambouillet. Une blessure dans les Flandres, en 1914, lui vaut la médaille militaire et une invalidité à 70 %.

Après un séjour à Londres, il est engagé comme agent commercial dans l’ancienne colonie allemande du Cameroun en 1916.

Atteint de paludisme, il rentre en France en 1917, passe son baccalauréat en 1919, puis fait ses études de médecine à Rennes et à Paris et soutient sa thèse en 1924.

De 1924 à 1928 il travaille à la Société des Nations, qui l’envoie aux États-Unis et en Afrique de l’Ouest.

À partir de 1927, il est médecin dans un dispensaire à Clichy. En 1932 il publie Voyage au bout de la nuit sous le pseudonyme de Céline et reçoit le prix Théophraste-Renaudot.

En 1936 paraît son deuxième roman, Mort à crédit. Après un voyage en URSS, il publie Mea Culpa, puis en 1937 et 1938 Bagatelles pour un massacre et L’École des Cadavres. La déclaration de guerre le trouve à Saint-Germain-en-Laye. Il part comme médecin à bord du Chella, qui fait le service entre Marseille et Casablanca. Le Chella heurte un patrouilleur anglais, qui coule devant Gibraltar. Céline regagne Paris et remplace le médecin de Sartrouville alors mobilisé.

Il fait l’exode de 1940 en ambulance avec des malades, il revient ensuite à Paris et s’occupe du dispensaire de Bezons. Il publie en 1941 Les Beaux Draps et en 1944 Guignols Band.

De 1944 à 1951, Céline exilé vit en Allemagne et au Danemark, où il est emprisonné à la fin de la guerre. Revenu en France, il s’installe à Meudon, où il poursuit son œuvre (Féerie pour une autre fois, D’un château l’autre, Nord, Rigodon). Il meurt le 1er juillet 1961.

 

D’un château l’autre pourrait s’intituler : le bout de la nuit. Les châteaux dont parle le titre sont en effet douloureux, agités de spectres qui se nomment la guerre, la haine, la misère. Céline s’y montre trois fois châtelain : à Sigmaringen. en compagnie de Pétain et de ses ministres ; au Danemark où il demeure dix-huit mois dans un cachot, puis quelques années dans une ferme délabrée ; enfin à Meudon, où sa clientèle de médecin se réduit à quelques pauvres, aussi miséreux que lui.

Il s’agit pourtant d’un roman autant que d’une confession. C’est que Céline n’est pas fait pour l’objectivité. Sigmaringen, sous sa plume, devient un conte de fées et de sorcières (peu de fées, beaucoup de sorcières). Avec un comique somptueux, il décrit les Allemands affolés, l’Europe entière leur retombant sur la tête ; les ministres de Vichy sans ministère : et Pétain, à la veille de la Haute Cour.

D’un château l’autre doit être considéré, avec le Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit comme un des grands livres de Céline.